Lactarius glaucescens Crossland
Habitat :
 
Trois exemplaires un peu desséchés trouvés le 29 août 2011 dans un bois de feuillus, de charmes & hêtres principalement non loin d’un petit bois d’épicéas sur sol calcaire pauvre et ensoleillé, coteau à gauche de la route entre Bretigney et Dammartin en prenant la dernière route à droite avant d’arriver à Dammartin.
 
Chapeau :
 
80-105 mm, convexe à plan convexe à centre moyennement déprimé puis la marge se relève et alors un peu infundibuliforme mais sans excès à la manière d’un électeur chrétien démocrate, la dépression centrale étant pour cette récolte, peu large, peu profonde mais abrupte. Revêtement sec, raboteux, irrégulier, finement velouté sous la loupe, se gerçant à la sécheresse parfois de manière spectaculaire, en mosaïque. D’abord blanc, puis jaunissant et même brunissant à la sécheresse ou avec l’âge, salit de bleu vert aux endroits où le lait à séché ou dans les gerçures ouvertes du revêtement. Marge légèrement couvrante puis droite, au début assez régulière et flexueuse, puis irrégulière, déchirée voire lacérée à la fin.
 
Lames :
 
Peu larges (1 à 2 mm pour la récolte), serrées, peu descendantes, (presque horizontales sur un sujet et moyennement décurrentes sur les deux autres), s’arrêtant nettement sur le pied, d’abord crème puis nettement brunissant, souvent taché de bleu vert par le lait. Arête concolore, fimbriée, irrégulière, vite déchirée par endroits. Sporée blanchâtre (Dagron 2 = Romagnesi 1b).
 
Stipe :
 
45-70 x 20-22 mm, au milieu. Un exemplaire à stipe nettement appointi (conique inverse mais oblong) les deux autres évasés sous les lames puis assez isodiamétriques et terminés par une base arrondie. Lisse à la vue mais très discrètement velouté à la loupe, souvent irrégulier obtusément et humblement plissé, avec de petites dépressions ça et là, voire un peu et superficiellement crevassé. Blanc se tachant de jaune et de brun. Parfois sali de bleu vert par le lait séché.
 
Chair :
 
Assez ferme, blanche, devenant très lentement bleu vert aux endroits blessés (30 mn et plus), plus ou moins âcre, non odorante. Très lentement réactive au formol (+30 mn pour avoir une tache violacée assez clair) mais devenant bleu violacé intense après plusieurs heures. Lait nettement âcre devant jaune d’or orangé sous l’action de la potasse quand il est déposé sur une lame de verre.
 
Microscopie :
 
Spores (A) : (6,1) 6,7 - 7,7 (8,4) x (4,8) 5,2 - 6,1 (6,3) µm ; Q = (1,1) 1,2 - 1,36 (1,4) ; N = 100 ; Me = 7,1 x 5,6 µm ; Qe = 1,3 ; subglobuleuses à ellipsoïdes ; à ornementation dense, fine et basse, peu visible, zébrée de manière lacunaire.
Basides (B) : (43) 46,3 - 56,1 (59,1) x (8) 8,3 - 8,9 (9,5) µm ; Q = (5,2) 5,4 - 6,2 (6,8) ; N = 10 ; Me = 50,3 x 8,7 µm ; Qe = 5,8 ; longuement effilées et brusquement épaissies au sommet. tétrasporiques.
Cheilocystides (C) : (37,5) 41,6 - 61,3 (65,5) x (5,6) 6 - 7,6 (7,9) µm ; Q = (6) 6,4 - 9,5 (9,9) ; N = 23 ; Me = 52,1 x 6,8 µm ; Qe = 7,7 ; étroites, fusiformes ou cylindriques, le plus souvent obtusément arrondies, moins souvent à sommet plus ou moins aigu, celui-ci pouvant être parfois presque capité, voire déjeté à la manière d’un bonnet phrygien.
Pleurocystides (D) : (55,6) 60,2 - 79,5 (95,8) x (5,4) 6,3 - 7,1 (7,5) µm ; Q = (7,8) 8,7 - 12,5 (14,5) ; N = 17 ; Me = 69,7 x 6,7 µm ; Qe = 10,5 ; étroitement cylindriques, parfois fusiformes, parfois étranglées au sommet.
Revêtement (E) : formé d’une couche peu profonde de poils étroits, (larges de 2,5-5 µm), plus longs que chez L. piperatus, reposant sur des articles celluleux de différentes tailles.

 
Discussion :
 
Si on en croit M. Marcel Lecomte qui a fait un sérieux travail sur ce groupe, ce Piperatini doit être rapporté à l’espèce : Lactarius glaucescens. En effet, son lait n’est pas blanc immuable mais verdit lentement. Isolé sur une lame, son lait se colore immédiatement en jaune presque orangé au contact de la potasse. Ces caractères éliminent d’emblée Lactarius piperatus & Lactarius spurius. Lactarius pergamenus qui semble très proche ne convient cependant pas car quand il change de couleur, le lait de cette espèce est beaucoup plus coloré, la réaction au formol est immédiate ou pour le moins très rapide alors que Lactarius glaucescens se colore très lentement et la réaction ne devient vraiment spectaculaire qu’après plusieurs heures. Certains auteurs comme Mme Maria Teresa Basso estiment qu’il y a toute une chaine d’intermédiaires entre les différents Piperatini mais Mme. Basso présente cette espèce, Lactarius glaucescens, comme une bonne espèce, tout comme Ms. Heilmann & All. Mme Basso signale en outre une réaction immédiate et intense en orangé rougeâtre profond provoquée par la potasse sur le stipe, en particulier à la base. Cette réaction a été constatée sur les exemplaires de cette récolte. Pour Monsieur Bon, il s’agit d’une espèce à lames longuement décurrentes, ce qui n’est pas le cas pour cette récolte, qui se comporte plutôt comme devrait le faire Lactarius pergamenus, tel que le conçoit cet auteur mais toutes les autres caractéristiques militent pour cette détermination.

Synonymes :

Lactarius piperatus var. glaucescens  (Crossl.) Heslet & A. H. Smith, ? Lactarius eburneus Z. Schaefer.
 
 



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