Lactarius illyricus Piltaver

Habitat :
 
Cinq exemplaires, dont deux connés, récoltés en compagnie de Jean Regazzoni, le 7 août 2012 dans une forêt de feuillus, principalement du hêtre, mêlée de quelques pins, non loin d’une forêt d’épicéas bordant une ancienne tourbière mais aucun exemplaire ne croissait sous les épicéas, terrain acide à myrtilles. Lanans (25).
 
Chapeau :
 
55-85 mm, non vu dans la prime jeunesse. Aspect général déprimé de faiblement à moyennement mais jamais très profondément, avec le pourtour assez irrégulier, relevé mais parfois relevé que sur certaines parties du chapeau, rabattue ailleurs. Parfois marqué concentriquement par une zone affaissée à l’amorce du pourtour. Surface sèche à un peu grasse, scabre à raboteuse, finement fibreuse, pouvant dessiner des zones concentriques mais particulièrement discrètes, indécises. D’un ocre jaune très clair (vers Séguy 260) pouvant un peu forcir par endroits (vers Séguy 250) mais de manière anarchique, sans organisation précise, ni limite franche, passant insensiblement de l’une à l’autre, le centre ne devenant pas plus foncé, ni plus coloré, au contraire, restant souvent plus clair. Pourtour flexueux à lobé, festonné. Marge irrégulière, parfois fendue. Pouvant brunir en filet par imbibition du carpophore.
 
Lames :
 
Très serrées, pentues puis légèrement décurrentes par une dent, souvent bifides vers le stipe, voire légèrement anastomosées, souvent interveinées dans les sinus, ocre jaune pâle, rappelant la couleur du chapeau, pouvant faiblement brunir mais discrètement, pouvant aussi présenter des teintes plus  orangées à la fin. Sporée crème.
 
Stipe :
 
20-60 x 8-20 mm. Généralement court et nettement aminci de haut en bas, appointi mais le plus gros exemplaire présentait, au contraire, un pied assez long et légèrement épaissi au milieu, couleur pâle, dans le ton du chapeau mais plus clair, presque blanchâtre ou à peine ocracé jaune. Sous la loupe, faiblement ridé de manière anarchique, non véritablement longitudinale. Parfois marqué de creux plus ou moins arrondis et plus ou moins profonds, base souvent appointie.
 
Chair :
 
Assez fine dans le chapeau, devenant caverneuse dans le stipe. Blanchâtre à ocre jaune très pâle, odeur agréable, légère, fruitée, saveur rapidement âcre mais d’une âcreté assez supportable. Lait peu fourni (période de sècheresse) peut-être opalescent, ne semblant pas changer de couleur. Sulfate de fer : brun orangé, Gayac moyen en 2/3 minutes.
 
Microscopie :
 
Spores (A) : (6,1) 6,4 - 7,4 (8,1) x (5,1) 5,4 - 6,3 (6,7) µm ; Q = (1,1) 1,12 - 1,26 (1,3) ; N = 100 ; Me = 6,9 x 5,8 µm ; Qe = 1,2 ; subglobuleuses, plus rarement ellipsoïdes, presque entièrement réticulées avec quelques verrues isolées. Plage peu amyloïde. |Mesures statistiques : 6 [6,8 ; 7] 7,7 x 5,1 [5,8 ; 5,9] 6,5 µm ; Q = 1,1 [1,2] 1,3 ; N = 100 ; C = 95% ; Me = 6,9 x 5,8 µm ; Qe = 1,2|.
Basides (B) : (42,3) 42,6 - 53,7 (57,8) x (9,3) 9,7 - 11,3 (11,4) µm ; Q = (4,2) 4,4 - 4,8 (5,1) ; N = 11 ; Me = 48,3 x 10,3 µm ; Qe = 4,7 ; cylindriques à clavées, tétrasporiques.
Cheilocystides (C) : (42,5) 47,4 - 63,9 (66) x (7,3) 7,5 - 9,8 (10,6) µm ; Q = (4,5) 5,6 - 7,7 (8,7) ; N = 11 ; Me = 55,6 x 8,7 µm ; Qe = 6,5 ; effilées, moniliformes, très rarement bi-tétinées. Assez nombreuses.
Pleurocystides (D) : (62,2) 63 - 82 (87,6) x (6,7) 8 - 9,6 (10) µm ; Q = (6,5) 7,3 - 9,6 (10,2) ; N = 12 ;Me = 71,5 x 8,7 µm ; Qe = 8,3 ; de même type mais plus grandes, assez nombreuses.
Articles du suprapelis (E) : tubulaires et cloisonnés de 2,5-5,5 µm de large, assez embrouillés, redressés en surface.

 
 
 
Discussion :
 
Cette espèce a déjà été récoltée le 20 juillet de cette année à Dammartin les Templier (bois de l’Aiguillon). Contrairement à cette dernière, les spécimens de Lanans ne rappellent pas Lactarius pallidus, car ils sont trop clairs. Les deux récoltes effectuées cette année semblent montrer qu’il existe une variation de tons, plus que de couleurs, assez importante. Cependant l’étude microscopique a permis de vérifier leur analogie. Quoiqu’il en soit les icônes de cette espèce montrent souvent cette teinte pâlichonne.
Ce lactaire du groupe des zonarii est l’un des moins zonés, voire pratiquement non zonés et il se distingue des autres espèces du groupe par la brièveté de ses spores. Le plus proche semble être Lactarius evosmus, un autre lactaire dont la zonation peut être très discrète, mais dont la longueur de la spore peut atteindre, voire dépasser, 9 µm. Lactarius acerimus est un lactaire à basides bisporiques et à spores énormes (leur longueur peut dépasser 14 µm !). Lactarius zonarius, finalement, est un lactaire bien plus coloré, nettement zoné dont la longueur des spores atteint 9 µm.
Contrairement à la récolte de Dammartin, celle-ci s’est effectuée sur un sol incontestablement acide puisque les myrtilliers poussent à cet endroit et que, non loin de là, subsistent les vestiges d’une ancienne tourbière. Cet habitat semble parfaitement conforme aux exigences écologiques de cette plante.
Lactarius illyricus a été créé par le mycologue slovène Andrej Piltaver en 1992. Depuis plusieurs récoltes ont été effectuées dans le Sud de la France et en Espagne.
En Franche-Comté, Jean-Marc Moingeon l’a récoltée pour la première fois le 6 octobre 2006 et retrouvée le 10 octobre 2011, à la Vèze (Doubs), station qui présente des analogies avec celle de cette récolte, en particulier la couleur pâle et l’acidité du sol.
En conclusion, ce lactaire est peu décrit mais il se peut que ce ne soit pas à cause de sa rareté mais plutôt à cause de la confusion qui peut exister entre lui et Lactarius acerrimus. Les récoltes de Franche-Comté paraissent aller dans ce sens. Il serait judicieux de contrôler systématiquement les récoltes de Lactarius acerrimus, voire de Lactarius evosmus. Un simple contrôle des spores permettra éventuellement de mettre à jour bon nombre de stations nouvelles.

 
Synonyme :

Pas de synonyme attesté.
 
 
 
 



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