Lactarius flavidus ss. Korhonen pp.

Photo Christian Frund – scan Guillaume Eyssartier
 
Habitat :
 
Plusieurs exemplaires trouvés le 27 août 1999 dans un bois de résineux âgés (épicéas & pins) mêlés de quelques feuillus (érables & bouleaux ?) sur sol calcaire à tendance à l’acidification sur la commune de Dammartin-les-Templiers (25), altitude 410 m. A la sortie du village, en direction du bois de l’Aiguillon mais en suivant la deuxième route, à droite, après la dernière ferme, sur le côté gauche de celle-ci.

Chapeau :

30-35 mm de diamètre. D’abord hémisphérique, mamelonné puis aplani à légèrement déprimé avec l’âge mais en gardant une marge retombante, enveloppante. Revêtement visqueux puis nettement brillant au sec, d’un jaune soutenu, un peu citrin, marqué parfois de taches brun orangé, parfois marqué aussi de zonations indistinctes plus foncées, pratiquement lisse sauf à la marge qui est faiblement villeuse dans la jeunesse. Parfois sali de violacé par endroits (blessures ou talures).
 
Lames :
 
Assez peu larges (jusqu’à 2 ou 3 mm) et plutôt serrées. D’une jolie couleur à la cueillette, crème à rose lilas pâle, qui tranche avec le reste du champignon. Violaçant lentement à l’air quand elles sont blessées. Légèrement décurrentes, entremêlées de lamelles. Arête concolore.
 
 
Stipe :
 
30-40 x 8-11 mm. Le plus souvent arqué, ruguleux, irrégulier, ridé, parfois grossièrement. Marqué quelquefois de petites fossettes peu profondes, sans être vraiment scrobiculé. Jaune plus soutenu que sur le chapeau, voire ocre orangé à la base. Peut-être un peu visqueux au frais puis luisant, vernissé.
 
Chair :
 
Blanche mais parfois un peu jaune à la base, à latex blanc devenant lentement mais assez nettement violacé à l’air. Le changement de couleur est surtout sensible dans la chair du chapeau et la région sous corticale, moins net dans l’âme du stipe. A la longue la couleur violacée évolue lentement vers un brun violacé. Nettement amère, et à odeur peu marquante.
 
Microscopie : (sur exciccatum)
 
Spores (A) : (6) 6,4 - 8,4 (10,2) x (5,1) 5,4 - 6,9 (7,6) µm, Q = (1,1) 1,14 - 1,3 (1,4) ; N = 115, Me = 7,3 x 6 µm ; Qe = 1,2, subglobuleuses de face à elliptiques de profil, à ornementation assez basse (vers 0,5-1 µm) cristulées, non réticulées (subréticulées). Verrues isolées présentes. Plage non ou peu amyloïde. La majorité des spores se situe entre 6,5 et 9 µm de longueur, en revanche les spores de plus de 9 µm sont rares. Les mesures de Mme Maria Theresa Basso sont plus importantes (7,8 x 6 – 8 x 6 – 8 x6 – 8,2 x 6,5 – 8,5 x 6,5 – 8,5 – 6,5 – 8,5 x 6,7 – 8,5 x 7 – 9 x 7 – 9 x 7,2), faites cependant sur un morceau de cette récolte.
Basides (B) : vers 37-44 x 10-12 µm, à quatre stérigmates.
Cheilocystides (C) : vers 58-73 x 7,5-11 µm, fusiformes à lancéolées, parois plus ou moins appendiculées, voire vaguement moniliformes au sommet, emplies d’un liquide qui s’agglomère en granulations ou en petites flaques. Dépassant assez nettement les basides voisines.
Pleurocystides (D) : 68-88 x 7,5-11,5 µm, de même type que les cheilocystides mais souvent de longueur plus importante.
Articles stériles de l’arrête (E) : Cylindriques ou un peu épaissis, souvent irréguliers.
Articles du revêtement (réalisée par Mme M. T. Basso) : en ixocutis, formés d’hyphes de 2,5-3,5 µm de largeur, septés, parfois avec incrustations externes. Large couche gélifiée de largeur comprise entre 90 et 150 µm.
 
Dessin microscopique à partir de l’exciccatum (Christian FRUND) :

 

Dessins microscopiques de Mme MT Basso (réalisés à partir d’un échantillon de notre récolte)
 

Discussion :
 
Lorsque nous avons récolté cette espèce, elle nous parut étonnante et mystérieuse. Aucun champignon du groupe d’aspideus ne semblait convenir. Nous avons découvert dans un ouvrage de MAURI KORHONEN (Suomen rouskut) un lactaire qui semblait être le nôtre. L’auteur en faisait L. flavidus ; ce qui était visiblement une erreur. Mme Maria Theresa BASSO, que nous avons consultée, était aussi de cet avis et nous apprit que M. KORHONEN, conscient de son erreur, lui avait précisé qu’il travaillait à la création d’une nouvelle espèce. Cependant HEILMANN CLAUSEN & all (the genus Lactarius) présentaient ce fameux lactaire sous l’appellation : Lactarius flavidius ss. Korhonen pp. et décrivaient une  espèce, de taille nettement plus imposante que la nôtre (jusqu’à 13 cm !).
L’étude de M. Ilkka KYTOVUORI (Two new Lactarius species, L. flavopaslustris & L. flavoaspideus) parue en 2009, qui proposait la création de deux nouvelles espèces du groupe des aspidei, nous incita à reprendre le collier.
Aujourd’hui nous avons une vision satisfaisante de ce groupe. L. salicis-herbacea & L salicis-reticulata sont à écarter d’emblée du fait de leur exigence écologique qui est incompatible avec notre région. Leurs arbres hôtes n’existent pas sur les plateaux du faisceau bisontin. Il semble même qu’ils soient absents du Jura.
Les deux espèces de M. KYTOVUORI semblaient offrir une piste intéressante. L. flavoaspideus n’a cependant que peu de ressemblance avec notre espèce. Il semble inféodé aux saules qui ne se trouvent pas sur le site de notre récolte, son pied est non scrobiculé alors que nos spécimens pouvaient montrer de petites fossettes peu profondes. Sa spore est plus grande, atteignant 10,2 µm alors que la nôtre, en général, atteint difficilement 9 µm. Les mesures effectuées par Mme BASSO sur un de nos spécimens, le confirment puisqu’elles ne dépassent pas 9,5 µm. En revanche le chapeau et les lames, moyennement serrées, pourraient convenir. Enfin, la taille bien que supérieure (jusqu’à 7,5 cm) n’est pas rédhibitoire dans la mesure où la taille inférieure de cette espèce n’est que de 2,5 cm. Quoiqu’il en soit, il est difficile de rapporter notre récolte à cette espèce.
La seconde, L. flavopalustris pourrait être un meilleur candidat. Son écologie est plus conforme, à savoir une forêt avec des épicéas de zone humide, sa spore est plus convaincante, son chapeau confusément zoné ressemble bien. En revanche, il fait figure de géant par rapport à notre cueillette puis qu’il peut atteindre 13 cm et sa dimension minima (4,5 cm) est déjà supérieure à nos plus grands exemplaires (3,5 cm). Bien difficile dans ces conditions de conclure qu’il s’agit de la même chose, sinon en admettant qu’il existe une forme naine de L. flavospalustris.
Hors d’Europe, on peut citer le cas de Lactarius aspideoides, auquel nous avions songé, il y a une dizaine d’années. La taille est intéressante (3-4,5 cm) mais les spores semblent bien plus petites (7-8 µm) selon Mme. BURLINGHAM qui a créé l’espèce, mesure confirmée par M. POMERLOT. Cependant M. BASSET lui accorde 8-10 µm ( !). Quoiqu’il en soit, les lames jaunes ou maculées de jaune ne conviennent absolument pas. On peut donc écarter également cette espèce.
En conclusion aucune des espèces étudiées ne paraît satisfaisante (notons l’amertume signalée pour notre espèce et peu marquée dans les autres cas)…
 
Synonyme :
 
? Lactarius flavopalustris Kytov.

 
 



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