Lactarius ichoratus Kühner & Romagnesi
 
 
Habitat :
 
Trois exemplaires dont un jeune et deux bien développés trouvés le 16 juillet 2012 au bois de L’Aiguillon (forêt que jouxte l’ancienne carrière) à Dammartin-les-Templiers, dans une forêt d’épicéas sur sol calcaire avec quelques feuillus éparses.
 
Chapeau :
 
Jusqu’à 80 mm, non vu dans la prime jeunesse mais vite plan avec la marge un peu retombante mais non enroulée, le centre est alors très timidement creusé, puis en s’étalant la plante devient un peu plus déprimée sans être infundibuliforme, et la marge peut se relever par endroits mais sans excès. On perçoit souvent en plein centre un petit mamelon plus ou moins bien marqué. Marge onduleuse, vite irrégulière, parfois incisée et finalement plissée à grossièrement cannelée. Revêtement sec, non visqueux, très ruguleux, bossué, plissé confusément et en tous sens, voire un peu pustuleux par endroits, brun rougeâtre jeune (Séguy 127/126) puis palissant en roux plus ou moins orangé (Séguy 172 à Séguy 171), la marge devenant plus claire avec l’âge (Séguy 174 moins terne).
 
Lames :
 
Jusqu’à 5 mm, d’abord assez serrées puis plus espacées et subdécurrentes à nettement décurrentes, ocre sali de brun voire d’orangé terne. Arête concolore irrégulière, fimbriée. Sporée crème (Dagron 5 = Romagnesi IIb)
 
Stipe :
 
45-50 x 12-14 mm, droit ou arqué, parfois oblique, assez égal ou s’amincissant vers la base, strié, veinulé sous la loupe, base assez pointue émoussée. Couleur variable suivant l’endroit & l’âge, d’abord assez pâle, orangé terne (vers Séguy 204/203) plus foncé vers la base, brun roussâtre (vers Séguy 186 à 191). A la corruption le stipe devient uniformément brun rougeâtre très sombre (Séguy 81 à 102).
 
Chair :
 
D’abord blanchâtre et plus ou moins orangée au cortex et dans la base du stipe puis crème à ocre dans le chapeau, plus brun ocre dans le stipe, souvent lavé d’orangé ou de brun roux dans les tiquetures d’insectes. Assez ferme au début puis molle, nettement médulleuse dans l’âme du stipe, saveur amère et odeur faible et indéfinissable. Lait blanc jaunissant faiblement mais nettement sur le mouchoir, doux.
 
Microscopie :
 
Spores (A) : (7,1) 7,6 - 8,9 (9,3) x (6) 6,2 - 7,2 (8) µm ; Q = (1,1) 1,2 - 1,3 (1,4) ; N = 100 ; Me = 8,2 x 6,7 µm ; Qe = 1,2 ; subglobulleuses à ellipsoïdes à verrues essentiellement isolées et assez pointues et plage amyloïde. | Mesures statistiques : 7,3 [8,2 ; 8,3] 9,2 x 6 [6,7 ; 6,8] 7,5 µm ; Q = 1,1 [1,2] 1,3 ; N = 100 ; C = 95% ; Me = 8,2 x 6,7 µm ; Qe = 1,2 |.
Basides (B) : (40,3) 40,7 - 44 (44,6) x (10,9) 10,94 - 13 (13,6) µm ; Q = (3,2) 3,3 - 3,8 (4) ; N = 11 ; Me = 42,3 x 11,8 µm ; Qe = 3,6 ; clavées, souvent renflées, tétrasporiques.
Cheilocystides (C) : (46,9) 48,8 - 60,5 (60,7) x (7,6) 7,7 - 9,2 (9,6) µm ;; Q = (5,9) 6 - 7 (7,7) ; N = 11
Me = 53,9 x 8,3 µm ; Qe = 6,5 ; acuminées, souvent plus ou moins étranglées dans la partie inférieure. Eparses.
Pleurocystides (D) : (45,9) 56,9 - 82,4 (94,8) x (7,6) 7,8 - 10,56 (10,6) µm ; Q = (5,7) 5,9 - 8,3 (10,4) ; N = 11 ; Me = 67,1 x 9,1 µm ; Qe = 7,4 ; de même type mais plus grandes, disséminées.
Articles du revêtement (E) : tubulaires en surface de 3,5-6,5 µm de largeur, cloisonnés, mélangés en faible profondeur avec des éléments plus globuleux de 6-15 µm de diamètre. 

 
 
Discussion :
 
La détermination des lactaires roux est une des activités les plus mal aisées dans l’étude des lactaires.
La difficulté apparaît d’emblée si on utilise la clé de Marcel Bon parue dans le DM 40 de juin 1980. Si cette clé a l’inconvénient de dater, elle garde l’avantage d’être complète et en Français. La plante fait indubitablement partie de ces Rhysocybes par la présence de sphérocystes dans le revêtement. En revanche le Q des spores oriente vers une mauvaise direction car si ce Q est compact (1,2), on ne peut rattacher cette plante ni au Plingthogali, ni au Volemi ni même aux Olentes. Il faut donc chercher cette espèce dans les groupes à Q plus allongé.
L’aspect macroscopique éloigne le sujet des Tabidi et des Obscurati. Reste la série des Ichorati. Lactarius rubrocinctus est à éliminer ipso facto à cause de ses spores à ornementation reliée. Lactarius ichoratus (= britannicus ?) semble le plus proche bien que sa saveur soit douce.
Il reste deux lactaires assez mystérieux dont il faudrait consulter les diagnoses, à savoir Lactarius Tithymalinus & Lactarius iners.
La lecture de monographies plus récente n’aide pas. Heilmann & al ont résolu le problème d’une manière fort expéditive et bien peu élégante par une épidémie de synonymes. Le travail de M. T. Basso est plus sérieux et plus précis mais la photo de son Lactarius britannicus est beaucoup plus terne que nos plantes. En plus elle introduit un gros écueil par rapport au travail de Marcel Bon puisqu’elle synonymise Lactarius ichoratus avec Lactarius britannicus ! Or, ce dernier est placé par l’auteur français dans les Mitissimi ; c'est-à-dire un groupe sans sphérocyste dans le revêtement (il serait tout de même étonnant qu’il se soit trompé à ce point !!!). Ajoutons pour éclaircir le problème que Marcel Bon distingue deux espèces, Lactarius britannicus & Lactarius subsericatus que les auteurs modernes synonymisent allégrement.
Or, Marcel Bon parle d’un habitat différent pour ces deux plantes, à savoir feuillus pour Lactarius britannicus et épicéas, éventuellement mêlés pour Lactarius subsericatus ; ce qui correspond bien à l’écologie de notre plante. D’autant plus qu’il crée une variété pseudofulvissimus qui semble bien en avoir l’aspect.
Madame Basso a officialisé le nom de Lactarius britannicus var. pseudofulvissimus mais cette interprétation se heurte à plusieurs écueils. Le premier, nous l’avons dit, c’est sa place dans la nomenclature mais le dessin microscopique qu’elle propose pour subsericatus en fait indubitablement un ichorati ( ?). Le second, compte tenu des remarques formulées, est que cette variété devrait s’appliquer à Lactarius ichoratus. Le troisième concerne la taille des spores dans la mesure où Mme Basso leur donne une longueur maxima de 8 µm, alors que dans sa clé Marcel Bon les dit semblables au type soit jusqu’à 9,5 µm.
Dans l’expectative et, retrouvant notre bonne vieille flore analytique, cette espèce est appelée Lactarius ichoratus Fries. ss. Romagnesi, faute de  mieux.
En conclusion, il s’agit d’un lactaire facile à reconnaître et impossible à déterminer.
 
Synonyme :
 
? Lactarius britannicus Reid.
 
 
 
 



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