Lactarius mammosus Fries

Habitat :
 
Plus d’une dizaine d’exemplaires trouvés à Ronchamp (70250) en compagnie de Jean-Marc Moingeon le 4 septembre 2010, sur le terril du Puits du Chanois, milieu acide peuplé principalement de bouleaux avec quelques chênes sessiles.
 
Chapeau :
 
Jusqu’à 60 mm, convexe jusqu’à pratiquement plan avec l’extrémité de la marge, retombant pratiquement toujours, souvent aussi un peu affaissé au centre, mais très faiblement et possédant très souvent un petit mamelon étroit, bas et confus. La surface peut aller de flexueuse, ondulée à mollement bosselée, sèche sur la récolte mais celle-ci s’est faite en période de bise soufflant avec allégresse (à voir par temps de pluie) dans un milieu assez xérophile. Le revêtement est nettement fibrilleux, il s’agit de fibrilles innées vers la marge, paraissant presque veloutées, feutrées au centre. Certains exemplaires présentent en outre comme une confuse zonation à l’ambitus, un peu plus foncée que le reste du chapeau et même quelques petites taches éparses. La couleur est grisâtre, plus ou moins nuancée d’olivâtre (vers Cailleux P 51 un peu moins verdâtre), voire confusément rougeâtre par endroits et en particulier au centre sur certains exemplaires desséchés. La marge peut être flexueuse à lobée, festonnée, parfois même, courtement bombée–creusée, longtemps enveloppante et finalement presque droite. Généralement lisse, elle peut parfois être très confusément cannelée.
 
Lames :
 
2- 4 mm de largeur. Assez serrées, faiblement bombées à arquées et prolongées sur le stipe par une dent assez courte, ocre jaune à ocre orangé pour notre récolte, parfois tachées de brun orangé dans la vieillesse, arête concolore, régulière ou à peine fimbriée sous la loupe. Sporée blanchâtre (vers Dagron 2).
 
Stipe :
 
28-38 x 6-10 mm, parfois droit mais le plus souvent courbé, arqué, isodiamétrique ou un peu aminci en direction de la base, rarement épaissi en direction de celle-ci, souvent assez trapu, grisâtre pâle à grisâtre brunâtre, parfois avec une brève zone sous les lames restant blanchâtre sale, c’est le cas aussi à la base. Plutôt fibrilleux. Assez régulier mais aussi, confusément cabossé, creusé par endroits, parfois faiblement veiné, sillonné. La base est assez ronde ou un peu appointie, parfois pas plus épaisse que le stipe mais aussi légèrement épaissie.
 
Chair :
 
Blanche, assez compacte mais fragile, à odeur nette de noix de coco des pâtissiers, (feuilles de figuier) et saveur un peu piquante mais finalement assez moyennement et ne se révélant réellement en bouche qu’après mastication. Gayac positif mais moyen et après quelques secondes. So4Fe, nul ou à peine jaunâtre, couleur qui semble plus nette sur le chapeau. Potasse 10% jaune citrin pâle sur la chair et jaune orangé sur le chapeau. Nos exemplaires, trop secs, n’ont émis aucun lait.
 
Microscopie :
 
Spores (A) : (6,5) 7 - 8,2 (9,1) x (4,7) 5 - 5,8 (6,1) µm ; Q = (1,3) 1,32 - 1,5 (1,6) ; N = 110 ; 80 % ; Me = 7,6 x 5,4 µm ; Qe = 1,4, spores de dimensions moyennes essentiellement comprises entre 7 & 8 µm mais qui peuvent parfois dépasser légèrement 9 µm, elliptiques à oblongues, à verrues reliées et même, quelquefois, pratiquement totalement réticulées, de hauteur moyenne. On distingue quelques rares verrues isolées
Basides (B) : 39-41,5 x 7,5-9,5 µm, cylindriques à clavées au sommet, tétrasporiques, parfois bisporiques. Stérigmates vers 4,5 µm.
Cheilocystides : 45-60 x 8,5-10 µm, de formes très variées, fusiformes, clavées, cylindriques avec le sommet épaissi, en boule, ogival voire étranglé, parfois avec un petit prolongement plus mince mais toujours assez court.
Pleurocystides : 55-80 x 7,5- 11 µm, de même type que les cheilocystides.
Articles du suprapelis (E) : de 3-7 µm, surtout enchevêtrés, couverts ça et là d’un pigment brun sous le microscope.

 
Discussion :
 
La photo de Heilmann-Clausen & all (The genus Lactarius p 172) ressemble beaucoup à notre, récolte, en revanche, celle de Mme Basso (Lactarius – Fungi Europaei T 7 p 486) paraît plus jaune mais il semble qu’il y ait une dominante. La synonymie entre Lactatius mammosus & lactarius fuscus  semble maintenant admise par la majorité des spécialistes.
Selon Pierre-Arthur Moreau, (communication orale à Jean Jacques Wilbault) certains spécimens, déterminés mammosus/fuscus, ne seraient que des glyciosmus foncés, remarque faite à la suite d’une récolte réalisée par JJW en Belgique. Si on examine ces deux espèces, on peut s’apercevoir qu’elles sont réellement très proches, en particulier au niveau microscopique.
Du point de vue macroscopique, il n’y a pas, à priori, de gêne à désigner notre espèce mammosus. Il a la teinte ocre à brun grisâtre foncé, alors que Lactarius glyciosmus est pâle plus ou moins rosâtre. La couleur de la sporée n’aide pas. Nous la trouvons blanchâtre alors de Heilemann parle de crème pour l’un (Lactarius glyciosmus) et de crème jaunâtre, en citant Neuhoff,  pour l’autre, à savoir Lactarius mammosus.
Comme signalé précédemment, il n’est pas possible de dire quoique ce soit au sujet du lait. Quant à la saveur, elle est donnée douce à légèrement âcre pour ces deux auteurs en ce qui concerne glyciosmus. Si Mme Basso signale pour Lactarius mammosus un goût âcre sans autre précision, Heinemann & all le signale assez âcre après un certain temps. Ce qui ne permet pas non plus de conclure.
En ce qui concerne l’habitat, nous ne sommes pas plus avancés. Lactarius glyociosmus est un lactaire des bétulaies acides mais Heinemann & all précisent qu’il vient aussi en mélange avec des résineux. En revanche, pour Lactarius mammossus, les deux auteurs soulignent la préférence pour résineux mais les spécialistes nordiques signalent des récoltes faites en bétulaies pures.
Du point de vue microscopique, les dimensions des cystides sont sensiblement les mêmes pour les trois récoltes. Quant à leur forme, sur nos spécimens, nous avons pu observer toutes celles représentées en dessins sur l’ensemble des deux livres.
Les dimensions des spores sont suffisamment proches pour qu’elles permettent difficilement un distinguo. 2-3 dixièmes d’écart chez Heilmann. En revanche, chez Mme Basso, un micron de différence en faveur de Lactarius mammosus dans la mesure inférieure ; ce que confirme notre propre étude des deux lactaires. Mais peut-on en tirer une déduction définitive ? Quant à leur ornementation, elle est très similaire aussi bien dans les dessins très schématiques de Mme Basso que dans ceux plus fouillés de ses confrères qui prétendent cependant que la spore de Lactarius mammosus serait plus complètement réticulée que chez Lactarius glyciosmus… ce qui n’est pas très évident sur leurs dessins ( !).
En conclusion, et ce n’est pas surprenant, il y autant de caractères militant pour l’une où l’autre espèce et du point de vue micro, celles-ci sont très proches. Nous accepterons donc de considérer qu’il s’agit de deux espèces pratiquement similaires au microscope mais bien différentes au regard et nous attribuons le nom de Lactarius mammosus à cette récolte.
Pierre Arthur Moreau qui a lu cette fiche (communiquée en octobre), y a reconnu Lactarius mammosus.
 
Synonymes :
 
Lactarius fuscus Rolland, Lactarius confusus Lundell, Lactarius hibberdae Peck.

 
 



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